L’ONU à travers le Haut-commissaire aux Droits de l’homme des Nations unies alerte et dénonce, ce lundi 14 octobre 2024, des violations des droits humains subis par les migrants, les réfugiés et les victimes de la traite lors d’opérations de recherche, de sauvetage et de transferts vers les zones frontalières en Tunisie.
189 morts dont des enfants lors des traversées de la mer, 265 morts lors des opérations d’interception en mer, 95 personnes portées disparues sur le territoire tunisien. Tels sont les chiffres alarmants qui ont été donnés, ce lundi 14 octobre, par le bureau du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations unies. «Nous avons reçu des rapports choquants faisant état de manœuvres dangereuses lors de l’interception de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile en mer, de violences physiques, y compris des coups, des menaces d’utilisation d’armes à feu, l’enlèvement des moteurs et du carburant, et le chavirement des bateaux», ont déclaré les experts des Nations unies. Ils ajoutent : «Pour ceux qui sont « sauvés » par les garde-côtes, y compris les victimes de la traite, leur situation ne ferait qu’empirer au moment du débarquement dans les ports».
Les rapports auxquels les experts de l’ONU font référence font état « d’allégations de transferts forcés arbitraires vers les frontières avec l’Algérie et la Libye, sans accès à l’aide humanitaire, sans tenir compte des risques de déshydratation, de malnutrition ou de blessures causées par les coups de soleil ».
Abus sexuels, exploitation d’enfants, viols de jeunes filles
Les experts ont fait part, précise le communiqué de l’organisation dirigée par Volker Türk, de leurs préoccupations concernant les manquements présumés en matière d’identification, d’assistance et de protection des victimes de la traite et d’accès à la protection internationale, ainsi que les informations selon lesquelles les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile subsahariens sont soumis à des degrés de violence plus élevés de la part des forces de sécurité tunisiennes. «Nous sommes consternés par les violences signalées et l’usage excessif de la force lors de ces transferts. Les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile, y compris les enfants et les femmes enceintes, seraient emmenés dans les zones désertiques à la frontière avec l’Algérie et la Libye, et les gardes-frontières leur tireraient dessus s’ils tentaient de revenir», révèlent les experts.
Dans le communiqué auquel «NouvelleAfrique» a eu accès, les experts ont également exprimé leur inquiétude face à l’augmentation du nombre de groupes criminels impliqués dans la traite des personnes et face aux informations faisant état de violences sexuelles, y compris de viols, à l’encontre de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile en Tunisie. « Nous avons également reçu des rapports faisant état d’abus sexuels et d’exploitation d’enfants, ainsi que de viols de femmes et de filles âgées d’à peine 10 ans dans les zones frontalières », peut-on lire dans le document.
L’UE interpellée
Au-delà des autorités tunisiennes, les experts de l’ONU ont interpellé l’Union européenne. «Nous sommes préoccupés par le fait que, malgré ces graves allégations, la Tunisie continue d’être considérée comme un lieu sûr après les opérations de recherche et de sauvetage en mer, et que la coopération se poursuit après la conclusion du protocole d’accord sur un partenariat stratégique et global entre l’Union européenne et la Tunisie, ce qui porte gravement atteinte aux droits de l’homme internationaux et au droit international des réfugiés», dénoncent les experts.
BG/NouvelleAfrique