Pour l’une des rares fois depuis son limogeage, l’ancien Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga s’est publiquement exprimé lors de sa rencontre avec son parti, le Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR) à l’occasion du nouvel an. C’était le vendredi 3 janvier 2025. Il a notamment réagi à l’affaire des 35 millions FCFA qui lui seraient versés par l’Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel (AGEFAU).

Tel un marabout face à ses disciples, le président du MPR a prodigué des conseils à ses militants qui sont partis lui présenter les vœux de nouvel an 2025 à son domicile. La patience stratégique, le patriotisme, le soutien à l’armée et du Mali… sont, entre autres, ce qu’a demandé Dr Choguel Kokalla Maïga aux militants de son parti. Il a également profité de cette occasion pour leur expliquer certaines de ses prises de position, de ses déclarations lors qu’il était chef du gouvernement. Aussi, est-il revenu sur le rôle clé de l’action politique dans la conduite de la Transition depuis la rectification de 2021. Il a par la suite salué les victoires de l’armée sur le terrorisme.

«Éviter les abus»

Dans son intervention, l’ancien Premier ministre a donné son opinion sur la gouvernance. Pour lui, il faut éviter «les abus» dans la gouvernance et accepter la diversité des opinions. «On ne peut pas gouverner un peuple par la peur. Un homme doit avoir peur ou avoir honte. Il faut faire en sorte qu’en même temps que les gens ont peur qu’ils y aient honte de faire quelque chose. Mais on ne peut pas gouverner seulement par la peur. Même si on met tout le monde en prison, ça ne suffira pas. Il faut gouverner par la vertu», dit-il en évoquant le cas d’un jeune ressortissant de Sikassois écroué pour s’être opposé, selon lui, aux manifestations demandant son départ de la Primature.

Mais face à ces actions, il prêche la patience et la tolérance à ses militants. «La colère ne doit pas nous guider dans ce que nous faisons », laisse-t-il entendre avant d’inviter les siens à ne faire que des combats d’idées et accepter l’adversité. «Tout ce que vous voyez sur les réseaux, c’est pour me provoquer. Moi je ne vais jamais répondre à la provocation. Et personne ne va m’amener à dénigrer les militaires», promet l’ancien chef du gouvernement de la transition.

L’habillage politique à l’action militaire

Si certains Maliens n’attribuent la réussite de la transition qu’aux seuls militaires, Choguel, lui insiste sur l’apport de l’habillage politique à l’action militaire. «Quand je me suis engagé avec les militaires, j’ai compris qu’il fallait l’habillage politique. L’action militaire ne suffisait», a-t-il laissé entendre citant, comme exemples concrets, son discours qu’il qualifie de «politique» à la tribune des Nations, les Assises Nationales de la Refondation, le nouveau code minier, la nouvelle constitution, la confiance retrouvée des Maliens, la tenue du meeting du 14 janvier 2024. «La politique et l’armée vont ensemble», insiste Dr Maïga.

Affaire des 35 millions à l’AGEFAU

Depuis quelques jours, une affaire de «malversations financières» à l’Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel (AGEFAU) dans laquelle l’ancien Premier ministre serait impliqué, défraie la chronique. Lors de sa rencontre avec son parti, Choguel Kokalla Maïga a rejeté l’accusation, la qualifiant d’une «campagne de dénigrement contre sa personne». A l’en croire, il est impossible que lui qui a passé près de quatre ans à la Primature puisse détourner 35 millions FCFA dans une structure qu’il a créée et dans laquelle il a laissé 37 milliards de F CFA. «L’AGEFAU que vous voyez, c’est moi qui l’ai créé quand j’étais à l’AMRTP. Quand je quittais l’AMRTP, j’ai laissé 60 milliards FCFA sur lesquels 35 milliards pour l’AGEFAU. Pourquoi vais-je prendre 35 millions étant Premier ministre ?» a-t-il déclaré avant d’ajouter que ceux qui sont derrière ces « campagnes » contre sa personne auront honte.

B.G/Nouvelle Afrique

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