Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko et le président français Emmanuel Macron

La sortie du président français Emmanuel Macron relative le retrait des troupes françaises en Afrique suscite des réactions de dirigeants sur le continent. En plus des démentis formels de sa déclaration, Macron s’est vu donné des leçons d’histoires et de diplomatie par le Premier ministre Sénégalais et le gouvernement tchadien.

En plus des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), plusieurs pays africains notamment le Tchad, le Sénégal, et la Côte d’Ivoire ont annoncé le retrait des troupes militaires sur leur territoire. Ces ruptures, une logique pour les peuples africains qui se veulent «souverains», semblent déranger le chef de l’État français.

Macron s’attaque aux africains

Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les officiers militaires au pouvoir ont rompu la collaboration militaire avec la France juste quelques mois après leur installation. Dans son intervention devant les ambassadeurs le président français évoqué la question.

«On est parti parce qu’il y a eu des coups d’État parce qu’on était là à la demande d’États souverains, qui avaient demandé à la France de venir. À partir du moment où il y a eu des coups d’État, où les gens ont dit «priorité n’est plus la lutte contre le terrorisme», la France n’y avait plus sa place, parce que nous ne sommes pas les supplétifs de putschistes. Donc on est parti», a affirmé, lundi, Emmanuel Macron. Ces trois pays avaient, faut-il rappeler, dénoncé, chacun en qui le concerne les accords militaires avec la France.

« On a oublié de nous dire merci »

Paris accuse aux pays africains ayant annoncé la rupture militaire d’avoir été ingrats à l’égard de la France. «Une partie, c’était notre engagement contre le terrorisme, depuis 2013. On avait raison. Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps, l’ingratitude est une maladie non-transmissible à l’homme», a-t-il déclaré.

Emmanuel Macron a révélé que le départ des forces françaises a été arrangé dans certains pays. Une affirmation consécutive à l’annonce par le Sénégal, le Tchad et la Côte d’Ivoire du retrait des troupes françaises.

«Nous avons proposé aux chefs d’Etat africains de réorganiser notre présence. Comme on est très poli, on leur a laissé la primauté de l’annonce. Mais ne vous y trompez pas, parfois il a fallu les pousser. Ce n’est pas parce qu’on est poli et correct et qu’on se réorganise nous-mêmes qu’il faudrait que ce soit retourné contre nous en disant: ils sont chassés d’Afrique», a révélé Macron.

Le président français est allé plus loin en tançant certains pays sans citer de nom. «Je le dis pour tous les gouvernants africains qui n’ont pas eu le courage, vis-à-vis de leurs opinions publiques, de le porter, aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région», a-t-il lancé.

De Dakar à N’Djamena

Ces propos ont suscité de vives réactions de Dakar et N’Djamena, deux pays ayant récemment avec la fin de la présence militaire française sur leur sol.  Le gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains», a répliqué Abderaman Koulamallah dans un communiqué en date du 6 janvier 2025.

Ce mardi 7 janvier c’est Maréchal Mahamat Idriss Deby Itno qui a réagi en dénonçant «des mépris» de Paris envers l’Afrique et démentant toute rupture militaire «arrangée». «En ce qui concerne le Tchad, la décision de mettre fin à l’accord de coopération militaire avec la France est entièrement une décision souveraine  du Tchad. Elle ne souffre d’aucune ambiguïté», a-t-il précisé.

A Dakar, le Premier ministre du Sénégal Ousmane Sonko a, pour sa part, dénoncé le propos «totalement erronés». «Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée. Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain», a-t-il déclaré rejetant un départ «négocié» des troupes françaises de son pays.

Leçon d’histoires à Macron

Il a sèchement répondu aux propos de Macron selon lesquels «aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée».  Selon lui, «la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté».

 «C’est enfin le lieu de rappeler au Président Macron que si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, allemande», a rappelé Ousmane Sonko à Macron dans un post sur Facebook avec une photo des tirailleurs à l’appui.

B.G/Nouvelle Afrique

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