Au lendemain du sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Niamey, les Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO se sont réunis, dimanche 7 juillet, à Abuja pour le 65ème sommet ordinaire de l’Organisation. À l’issue des travaux, l’Union n’a acté pas des mesures de représailles mais a plutôt désigné un facilitateur pour mener les discussions avec l’AES.
À Abuja, la CEDEAO a, à la fin de son sommet, exprimé «sa déception face au manque de progrès dans les interactions avec les autorités du Burkina Faso, du Mali et du Niger». Elle ne ferme, toutefois, pas la porte au dialogue. À cet effet, l’organisation a désigné le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye comme le facilitateur dans ses discussions avec les trois pays de l’AES en collaboration avec Faure Essozimna Gnassingbé, président du Togo, selon le communiqué final.
Le nouveau pouvoir du Sénégal prône le maintien des trois pays dans la CEDEAO mais en menant des réformes nécessaires. Bassirou Diomaye Faye avait effectué, en mai dernier, une visite au Mali et au Burkina Faso pour tenter de convaincre les trois pays à reconsidérer leur décision de retrait annoncé, le 29 janvier dernier.
Les trois États, au cours de leur sommet, le 6 juillet dernier à Niamey, ont confirmé «leur retrait irrévocable et sans délai de la CEDEAO». Ils ont acté, en outre, la création de la confédération des États du Sahel avec le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition du Mali comme président en exercice pour un an.
En plus de la désignation de Bassirou Diomaye Faye, le Général Umaro Sissoco Embaló, Président de Guinée Bissau s’est proposé pour soutenir les discussions, en particulier avec le Burkina Faso. Son offre a été saluée par la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO.
Par ailleurs, le sommet a instruit la Commission CEDEAO de «faciliter une approche plus vigoureuse». La conférence des Chefs d’état demande à la même Commission «d’élaborer un plan d’urgence prospectif à son intention pour faire face à toutes les éventualités dans les relations avec les pays de l’AES, en tenant compte des exigences de l’article 91 du Traité révisé de la CEDEAO de 1993».
Des éventuelles conséquences du retrait définitif
Le président de la Commission CEDEAO, Omar Alieu Touray avait, au cours de la cérémonie d’ouverture du sommet, alerté sur les conséquences relatives à un retrait définitif des trois pays. «Il est évident que la désintégration perturbera non seulement la liberté de mouvement et d’établissement des personnes mais elle aggravera l’insécurité dans la région », avait-il lancé.
Selon lui, en cas d’effectivité du retrait, les ressortissants de trois pays «auront désormais à mener des démarches en vue de l’obtention d’un visa avant de voyager dans la sous-région». Ce qui implique que leurs citoyens ne pourront plus utiliser le passeport, la carte d’identité biométrique et l’assurance automobile de la CEDEAO.
Il relève que «les citoyens de ces pays pourraient ne plus être à mesure de résider ou de créer librement des entreprises dans le cadre des mesures mises en place par la CEDEAO et pourraient être soumis aux diverses lois nationales». S’ajoute l’arrêt ou la suspension des projets et programmes mis en œuvre par la CEDEAO dans ces pays d’une valeur de plus 500 millions de US dollars, entre autres.
Le cas Bazoum
Ces mesures ne pourront être effective qu’après l’expiration du délai d’un an prévu pour l’effectivité du retrait d’un membre de la CEDEAO, conformément au traité susmentionné.
L’organisation communautaire dénonce également le maintien en détention et la levée de l’immunité de l’ex-président nigérien Mohamed Bazoum, renversé en juillet 2023 au Niger. Elle exige «sa libération sans condition» et plaide pour la poursuite des efforts de médiation en cours en vue de mettre fin aux tensions entre le Benin et le Niger.
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