À Bamako, l’effectivité du retrait de la CEDEAO alimente le débat socio-politique en suscitant des réactions au sein de la classe politique, divisée entre soutien et préoccupation. L’Union pour la République et la Démocratie (URD) et le Rassemblement Pour le Mali (RPM) font parties des quelques partis politiques ayant réagi à l’entrée en vigueur de la décision.
À l’état-major de l’URD, la tendance est au soutien de la décision de retrait des trois pays, réunis au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) puis de la Confédération des Etats du Sahel. «L’URD soutient cette décision, qui s’inscrit dans un contexte où l’AES entend construire un cadre de coopération sous-régionale plus en phase avec les aspirations de nos populations, les réalités du Sahel, les principes de souveraineté, de justice, d’égalité et d’équité», a précisé ce parti dans une déclaration, signée par son président Gouagnon Coulibaly.
«Minimiser les impacts négatifs»
Au niveau du RPM, ex-parti présidentiel, c’est plutôt l’inquiétude et la dénonciation. «Le RPM reste très préoccupé par les éventuelles conséquences que pourrait engendrer le retrait du Mali de la CEDEO sur les populations maliennes en l’absence d’un dialogue direct, franc et constructif», a alerté son président Dr Bokary Tréta, dans un communiqué, en appelant le gouvernement à «prendre toutes les mesures nécessaires pour minimiser les impacts négatifs».
Cette formation politique, signataire de la récente déclaration demandant le retour à l’ordre constitutionnel normal, pointe du doigt l’absence des résultats des travaux du comité de pilotage de haut niveau. Une commission dont la mise en place avait été annoncée, le 29 janvier 2024, à l’issue d’un conseil des ministres avec l’objectif d’ «exploiter le retrait comme opportunité de développement, de paix, de stabilité, de réaffirmation de la souveraineté…».
«L’AES n’a pas à être un projet d’isolement»
Parmi les leaders politiques qui ont réagi, l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé, qui évoque «une décision unilatérale», décrit le 29 janvier 2025 comme «un tournant décisif pour le Mali et l’Afrique de l’ouest». Il désapprouve la sortie du Mali de la CEDEAO, qui, selon lui, «n’est pas exempt de criques» avec «son fonctionnent (qui) mérite d’être repensé». «Mais affaiblir la CEDEAO ou diviser l’espace ouest-africain ne sert ni nos peuples ni nos pays», a-t-il écrit dans une chronique, rendue public ce lundi 3 février.
S’il favorable à la création de l’AES pour «répondre aux défis de sécurité et de développement», il estime qu’ «elle n’a pas à être un projet d’isolement». Selon lui, «isolés, nous sommes plus vulnérables». Il plaide plutôt pour une refondation de la CEDEAO, ajoutant que le Mali aurait pu jouer un rôle dans ce processus en engageant un dialogue franc et ouvert.
Les négociations autour des modalités de séparation
Moussa Mara, un autre ancien Premier ministre, pour sa part, salue l’ouverture des discussions entre les deux entités autour des modalités de séparation. Il demande, à cet égard, aux autorités de «faire preuve de transparence sur les négociations» et de «commencer par résoudre avec la CEDEAO la question de l’acceptabilité des passeports AES».
Il est à rappeler que les deux organisations n’ont pas encore imposer de visas aux différents ressortissants.
MC/NouvelleAfrique