Ouagadougou et Niamey ont officialisé, ce samedi 1er décembre 2023, leur retrait de G5-Sahel. Un retrait qui se fait au profit de l’Alliance des États du Sahel (AES), une nouvelle organisation englobant le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Près de dix ans après sa création, le G5-Sahel vole à l’éclat. Sur cinq pays au départ, l’organisation militaire ne compte, à ce jour, plus officiellement que deux États membres (la Mauritanie et le Tchad).
Après Mali (il y a un an et demi), c’est, en effet, le tour du Burkina Faso présidé par le Capitaine Ibrahim Traoré et du Niger dirigé par le Gal de Bridage Abdourahamane Tiani de quitter cette coalition sous-régionale. Ces deux pays ont annoncé, ce samedi, dans un communiqué conjoint avoir « pris leur responsabilité de se retirer du G5 Sahel» y compris la force conjointe pour compter du 29 novembre 2023.
Ouagadougou et Niamey motivent leur décision par le fait que « l’organisation peine à atteindre ses objectifs». Cela, en ajoutant que «les ambitions sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles et les pesanteurs d’un autre âge ».
« Un partenariat dévoyé et infantilisant »
Selon le communiqué, la voie de l’indépendance et de la dignité sur lesquelles deux pays sont engagés est contraire à leur participation au G5 Sahel sous sa forme actuelle. «Le G5 Sahel ne saurait servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel encore moins accepter de diktat de quelque puissance que ce soit au nom d’un partenariat dévoyé et infantilisant qui nie le droit à la souveraineté de nos peuples et de nos États», précisent les présidents des deux pays, tous dirigés par des militaires.
Ce retrait, qui n’est pas une surprise, se fait profit de l’Alliance des États du Sahel (AES), une nouvelle coalition créée le 16 septembre 2023. En effet, dans leur déclaration conjointe, le Burkina Faso et le Niger annoncent «maintenir leur dynamique» au sein de cette Alliance dont le processus d’opérationnalisation est en cours.
Le 25 novembre dernier les ministres des Finances du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont acté le principe de la mise en place d’une architecture juridico-institutionnelle et des mécanismes de financement de l’alliance. Leur rencontre, tenue à Bamako, n’écarte pas la possibilité de créer une compagnie aérienne commune, un fonds de stabilisation voire l’idée de mettre en place une union économique et monétaire.
Vers une confédération Bamako-Ouaga-Niamey
Vendredi dernier, toujours à Bamako, les ministres des Affaires étrangères ont, à l’issue d’une rencontre de deux jours, formulé une recommandation qui va au-delà d’une simple alliance contre le terrorisme. Ils appellent «les Chefs d’État à la création d’une confédération des trois pays». Les conclusions de leurs travaux ont été remis, le même jour, au Colonel Assimi Goïta, président de la Transition du Mali, qui a accordé une audience aux trois chefs de la diplomatie.
La réduction du nombre des États membres du G5 Sahel – il est constitué désormais de la Mauritanie et du Tchad – et la création de l’AES surviennent au moment où les forces françaises sont chassées des trois pays. À la date du 26 novembre dernier, la force Barkhane, ayant été transféré au Niger après son départ du Mali, avait évacué du territoire nigérien plus de 1.300 soldats français avec 80% de matériels.
La ville de Kidal, occupée par des groupes terroristes depuis une décennie, a été également libérée le 14 novembre 2023. Une reprise saluée par Ouagadougou et Niamey.
Au-delà de l’aspect sécurité, le Mali, le Burkina Faso et le Niger se soutiennent mutuellement contre la CEDEAO, qui menace, sans s’exécuter, d’intervenir militairement au Niger pour rétablir le président Mohamed Bazoum, reversé en juillet dernier par un coup d’État.