Son nom suscite la crainte et la peur à Bamako où détourner l’argent public est perçu comme signe de bénédiction. Dans cet environnement où les hommes corrompus sont loués et glorifiés par la société, il s’efforce depuis sept ans à traquer les deniers publics ou les biens mal acquis.
Magistrat de grade exceptionnel, Dr. Moumouni Guindo préside l’Office Central de Lutte contre l’Enregistrement Illicite (OCLEI). Une Autorité administrative indépendante instituée en vue d’instaurer la transparence et la bonne gestion des ressources publiques.
Sa structure est l’institution nationale en charge de lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite et produit annuellement un rapport général. Elle traite également les déclarations de biens des agents publics dont les présidents des institutions et les membres du gouvernement.
Un parcours exemplaire
Ce magistrat, qui dirige l’OCLEI depuis 2017, n’est pas venu du néant. Bien au contraire, il a un parcours riche et exemplaire. Moumouni Guindo, natif de Kouroundé dans le cercle de Bankass fut Chef de cabinet du ministère de la Justice et des Droits de l’homme en 2015 puis Secrétaire général du même département entre 2015 et 2017.
Cet homme qui se caractérise par son humilité et sa modestie a travaillé près de 10 ans (2005-2014) au Bureau du Vérificateur général du Mali. Au sein de cet organisme, il a été tour à tour Vérificateur assistant, Chef de mission, Vérificateur chargé de la cellule juridique. Il dirigeait la cellule de gestion de la qualité des vérifications (2011 à 2014) lorsqu’il quittait ce Bureau, un autre organe impliqué dans la lutte contre la corruption au Mali.
Un riche parcours académique
Sa carrière judiciaire est inspirante. Il se fera remarquer à Ségou où il a été juge d’instruction au Tribunal de première instance entre 1996 et 2000. Dans la cité des Balanzans, Moumouni Guindo a eu la lourde tâche de diriger le Tribunal du Travail de 1998 à 2000 avant de rejoindre le Pôle économique et financier de Bamako comme juge d’instruction de 2000 à 2003. Ce poste lui ouvrira la voie du Tribunal de Première instance de la Commune IV du District de Bamako où fut vice-président de ladite juridiction.
Son ascension n’est pas un hasard car son parcours académique force l’admiration. En 1993, il est sorti major de sa promotion de l’Ecole d’Administration (ENA) du Mali en section Sciences juridiques. Il poursuivit sa formation à l’Institut National de Formation Judiciaire.

Sa soif de connaissance l’amène à s’inscrire à l’Ecole Supérieure de Gestion de Paris où il a décroché un MBA en 2003. Il obtient la même année un autre diplôme universitaire en droits fondamentaux à l’Université de Nantes.
En 2008, l’intrépide magistrat décroche un MBA de l’Université du Québec à Montréal et son diplôme professionnel d’audit interne de l’Institut français de l’Audit et du contrôle internes. Son cursus universitaire est auréolé d’un Master II en Finances publiques, obtenu à l’Université de Strasbourg (2014-2015) puis d’un Doctorat en Droit public, option Finances publiques, obtenu en 2020 livré par la même Université.
Une mafia dévoilée
Au-delà de la justice, Dr. Moumouni Guindo est un homme de lettres. Il a publié en 2021 chez l’Harmattan un livre intitulé « Le Contrôle des finances publiques au Mali : d’indispensables réformes ». Il s’agit d’un ouvrage de 518 pages qui évoque l’évolution des finances publiques au Mali de 1960 à 2020.
Sa structure a dévoilé dans son rapport annuel 2022 une mafia à ciel ouvert dans le secteur de l’éducation et le mépris des agents publics vis-à-vis de la déclaration des biens. Seuls quatre ministres sur les 29 ont déclaré leurs biens en 2022.