Le comité stratégique du M5-RFP Mali Kura a dénoncé, ce mercredi 12 février, à Bamako les tares de la Transition. En plus de dresser un bilan peu reluisant, il dénonce les incertitudes autour de la présidentielle reportée sine die et désapprouve la sortie du Mali de la CEDEAO.
Devant la presse, l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, qui préside le comité stratégique de cette coalition née de la scission du M5-RFP, a jeté un regard rétrospectif sur 2024. Une année, marquée au plan politique par l’annonce « unilatérale » de la fin de l’Accord d’Alger, des restrictions des droits et des libertés et du retrait controversé du Mali de la CEDEAO.
Le mouvement, membre signataire de la Déclaration du 31 Mars réclamant le retour à l’ordre constitutionnel, dénonce la suspension des activités entre avril et juillet 2024, l’arrestation puis la détention de onze leaders politiques et le maintien en prison de certains leaders d’opinion. Allusion faite sans doute à Ras Bath, Étienne Fakaba Sissoko, Clément Dembélé, Adama Diarra alias Ben le Cerveau, entre autres. Il pointe aussi du doigt le retrait de l’autorisation de certains médias, dont JolibaTv, suspendue depuis quelques mois.
«Le M5-RFP Mali Kura demande par conséquent aux autorités de la Transition un respect scrupuleux de l’État de droit établi et consacré par la constitution et les textes en vigueur», a déclaré le président de son comité stratégique au cours de la cérémonie de présentation de vœux à la presse.
Malgré la présence de la tenue dans les huit axes du gouvernement, la coalition n’est pas convaincue de l’éventualité de l’organisation des élections en 2025. Elle ne perçoit pas la libération des onze leaders politiques, la relance du cadre de concertation entre la classe politique et le gouvernement et la réinscription du budget électoral dans la Loi de finances pour 2025 comme «des indices suffisants d’une volonté des autorités d’organiser les élections en 2025».
Un cadre de concertation sur le scrutin et une candidature unique
« La majorité de la classe politique et de plus en plus de citoyens ont de sérieux doutes quant à la tenue effective des élections en 2025, au regard du faible niveau de préparation de ces consultations électorales et du silence du Président de Transition sur ce sujet d’une grande importance pour l’avenir du Mali lors de ses messages de Nouvel An 2025 », a fustigé son comité stratégique.
À cet égard, le mouvement réclame «l’organisation d’un cadre de concertation autour de la question du retour de notre pays à l’ordre constitutionnel et la conduite diligente et inclusive de l’ensemble des tâches y afférentes». En son sein, il prépare «une candidature unique avec un projet politique». Si ce processus a été entamé, il est trop tôt pour dire la personnalité qui sera désignée pour représenter cette coalition, composée de cinq grandes entités dont An Ko Mali Dron et Espoir Malikura.
Maintenir l’AES dans la CEDEAO
Au plan régional, le regroupement se montre défavorable à la «décision unilatérale» du retrait du Mali de la CEDEAO, une sortie devenue effective le 29 janvier dernier. Il propose plutôt le maintien de l’Alliance des États du Sahel (AES) comme Pôle de stabilité et de développement dans l’Organisation sous-régionale et demande d’engager une initiative robuste de refondation de la CEDEAO. Par ce second point, il s’agit d’un processus de dialogue sur l’avenir de la Communauté afin de relégitimer une vision globale pour une souveraineté renforcée et une sécurité durable.
MS/NouvelleAfrique