En dehors de la capitale malienne depuis des mois pour des raisons que lui seul connait, l’ancien ministre et président de la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM), Housseïni Amion Guindo appelle à un sursaut national contre ce qu’il qualifie « de la dictature ». C’était dans une note à laquelle Nouvelle Afrique a eu accès ce lundi 10 mars 2025.
De la situation sécuritaire au contexte social en passant par le plan économique et politique, Housseïni Amion Guindo a donné son avis sur toutes les difficultés de l’heure. Tel un enseignant avec son stylo rouge devant les feuilles d’examens de ses élèves, Poulo souligne point par point les failles dans la gouvernance des généraux au pouvoir.
Sur le plan sécuritaire, l’ancien député élu à Sikasso trouve qu’il y a toujours des difficultés, notamment marquée par « l’instabilité politique, la création du Front de Libération de l’Azawad (FLA), la montée en puissance des groupes armés djihadistes (JNIM et EIGS) dont le champ d’action couvre désormais l’ensemble du territoire national ». Aussi, a-t-il dénoncé le retard dans la matérialisation de la problématique du DDRI (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Intégration). « L’impuissance des autorités à y faire face au-delà des discours à travers des approches qui ont montré leur limite, fait planer l’incertitude sur le devenir de notre pays », a-t-il déploré.
Sur le plan politique, Poulo reproche au pouvoir d’Assimi Goïta le déficit de dialogue avec « la classe politique, la société civile et les groupes armés…, les persécutions, les enlèvements, les emprisonnements ou la contrainte à l’exil d’opposants, la dissolution ou suspension d’associations, de partis politiques et de conseils communaux, le non-respect des engagements pris devant le peuple malien et la communauté internationale, le tripatouillage à dessein de la charte de la transition… » .
Celui-là qui a toujours plaidé pour une transition de courte durée depuis 2020, dénonce, sur le plan économique, la cherté de la vie, la crise énergétique, la suspension des financements des partenaires extérieurs et la sortie de la CEDEAO.
Sur le plan social, Poulo énumère les difficultés auxquelles les Maliens sont confrontés depuis des années. Il s’agit notamment des attaques terroristes et violences armées dans toutes les régions du pays ayant conduit quelques fois à des blocus sur l’approvisionnement de certaines localités en denrées de premières nécessités ; des conflits intercommunautaires exacerbés par la course aux ressources naturelles (terres, eau, bétail) ; du déplacement de plusieurs centaines de milliers de personnes, vivant dans des conditions précaires sans accès aux services de base ; du chômage des jeunes, aggravé par un système éducatif en crise et un marché de l’emploi peu dynamique ;…
Ce que Poulo propose comme solution
Après avoir énuméré les difficultés, le président de la Codem appelle à des solutions conforment aux dispositions prévues dans la constitution. Il propose ainsi, dans un premier temps, la création d’un pôle démocratique alternatif. « C’est dans cette dynamique et dans le respect strict des lois en vigueur en République du Mali, que nous lançons un appel pressant à toutes les couches de la population malienne (classe politique, société civile, syndicats, personnalités indépendantes, commerçants, paysans et ouvriers) de se mettre ensemble pour stopper la dictature et œuvrer à un retour définitif de la bonne gouvernance dans un Mali sécurisé, démocratique et économiquement viable », a-t-il demandé aux organisations politiques et de la société civile.
Pour le retour de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, il propose qu’on offre au peuple des nouvelles perspectives pour restaurer la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national, de Kayes à Kidal, et de Sikasso à Taoudeni. Pour lui, « le tout militaire ayant montré ses limites, il faudra donc développer une approche multidimensionnelle inclusive avec l’ensemble des acteurs nationaux impliqués dans les processus de paix ».
L’ancien ministre des Sports appelle également à l’organisation d’une « journée nationale de Colère, d’indignation et de protestation » pour exprimer ensemble le ras-le-bol général.
B.G/Nouvelle Afrique