L’ancien Secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations Unies, l’ambassadeur Cheick Sidi Diarra a livré, lors d’une émission télévisée du groupe Renouveau TV, son analyse sur plusieurs questions dont la crise diplomatique entre l’Algérie et le Mali. Il a également indiqué que l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger est le meilleur document pour la résolution de la crise au nord du Mali.
De vives tensions opposent le Mali à l’Algérie depuis des mois. La cause : la gestion de la question sécuritaire au nord du Mali, notamment à la frontière avec l’Algérie.
Pourquoi l’Algérie ne peut pas faire ce que le Mali attend d’elle?
Pour avoir été ambassadeur du Mali en Algérie pendant 10 bonnes années, l’ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies a une lecture différente de bon nombre de Maliens sur cette question. Cheick Sidi Diarra avance plusieurs raisons qui font que l’Algérie ne peut pas faire ce que le Mali attend d’elle.
Le premier enjeu, argumente le diplomate, c’est que la composante sociologique de la population de l’Algérie est la même que celle du nord du Mali. Selon lui, si l’Algérie fait ce que le Mali attend d’elle, c’est-à-dire donner raison au gouvernement malien, «elle va se mettre à dos avec toute la partie sud de son pays».
L’autre enjeu, selon lui, est qu’il s’agit de l’intérêt existentiel et géostratégique. « Quand j’étais en Algérie, 90% des recettes d’exportation d’Algérie provenaient de ces régions. C’était une question d’existence et jusqu’aujourd’hui. C’est encore une question d’existence » a déclaré l’ancien ambassadeur du Mali en Algérie ajoutant que «l’Algérie ne peut pas faire le comportement que le Mali attend d’elle, parce qu’il y a va de son existence».
Cependant, révèle-t-il, «l’Algérie ne veut pas d’une République indépendante à ses frontières, parce que cela aurait un effet d’entraînement et de domino sur les parties sud de l’Algérie». Selon ses analyses, l’Algérie n’a aucun intérêt à ce qu’une République soit constituée au nord du Mali. Ce qu’il déduit : l’Algérie maintient une attitude d’équilibrisme qui fait en sorte qu’«elle utilise l’ascendant qu’elle a sur les groupes rebelles pour les forcer la main à venir dialoguer avec l’État malien, en même temps elle pouvait (dans le passé) faire pression sur les autorités du Mali afin qu’elles fassent des concessions de décentralisation poussée en faveur des populations».
L’Accord d’Alger, le meilleur outil
Malgré qu’il soit déclaré «mort», l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger est, selon ce diplomate chevronné, le meilleur outil pour résoudre la crise du nord du Mali, cela même s’il reconnait que le document contient des insuffisances. «Il y a des dispositions dans l’Accord qui ont profité non seulement aux régions du nord mais à toutes les régions du Mali, que ce soit à propos de l’extraction des ressources naturelles, de la mise à disposition des 30 % du budget de l’État, de la création des structures et institutions décentralisées ou de la création du Sénat», a soutenu l’ancien secrétaire général adjoint de l’ONU. Il indique que «dans la Constitution actuelle, il est dit que pour harmoniser le développement de territoire dans le pays, le Mali peut favoriser certaines régions pendant un certain temps pour permettre la mise à niveau».
B.G/NouvelleAfrique