Le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN-2025) a été effectué au soir du lundi 27 janvier au Théâtre Mohammed V de Rabat par les mains de Mustapha Hadji du Maroc, Serge Aurier de la Côte d’Ivoire, Aliou Cissé du Sénégal et Joseph Yobo du Nigeria. Si, la main du défenseur international ivoirien a fait hériter le Mali de la poule du pays hôte, celle de l’ancien international marocain a fait déterminer des poules équilibrées, offrant des affiches chocs entre des grosses nations du continent.
Le Mali, finaliste en 1972 (3ème en 2012 et 2013), qui va participer à sa 14ᵉ CAN, la 10ème de suite, croisera le fer avec le Maroc (pays hôte de la compétition, vainqueur en 1976) dans le groupe A qui comprend également la Zambie (finaliste en 1974 et 1994, vainqueuse en 2012) ainsi que les Comores (huitième de finaliste en 2021). Mais au pays des Lions de l’Atlas, les Aigles doivent aussi faire mieux que la précédente édition au cours de laquelle ils ont été éliminés en quart de finale. « J’ai confiance en l’équipe du Mali. Je pense que si on est solide, on aborde le tournoi avec beaucoup de discipline et de rigueur. Je pense qu’on va pouvoir sortir de cette poule. C’est vrai que c’est une poule très difficile. Avec des équipes qui sont très compliquées à jouer, mais j’ai clairement confiance en l’équipe du Mali », a expliqué Mohamed Lamine Sissoko, ex-international malien, invité par la CAF.
La vérité d’aujourd’hui sera différente de celle de décembre 2025. Parce que les Aigles du Mali affronteront deux fois les Comores. Et ce duel, dont le premier est prévu à Berkane au Maroc, permettra à Komory et à ses coéquipiers de se situer sur les réelles valeurs des Cœlacanthes avant le début de la compétition. Ce sera la première fois d’ailleurs, que maliens et comoriens vont s’affronter en phase finale de CAN alors que les dernières explications face aux marocains et zambiens rappellent des mauvais souvenirs « Ce tournoi va être fantastique : beaucoup de spectateurs, de bons stades, de bons hôtels, de bonnes pelouses. Je suis très content de jouer ici », a souligné le technicien belge avant d’en venir au tirage.
« Je suis aussi très content avec le tirage. Avant le tirage, j’avais dit qu’il n’y a pas d’équipe que je ne veux pas jouer. On a l’ambition de rester ici pour sept matchs, c’est-à-dire jusqu’à la finale ou la petite finale », a déclaré Tom Sainfiet, sélectionneur du Mali. Le patron du Staff technique des Aigles ne cache pas ses ambitions : l’objectif du Mali, invaincu depuis sa nomination en septembre en remplacement d’Eric Chelle, sera de terminer en tête de la poule, afin de profiter d’un tableau final plus favorable. « On n’a peur d’aucune équipe, » fait savoir Tom Saintfiet, ajoutant qu’ « on doit bien se préparer et respecter chaque adversaire. Mais on doit aussi être confiant en notre qualité. On sera ici pour écrire l’histoire et inchallah ça va passer ». Le Mali commencera la compétition par la Zambie au Stade Mohamed 5 de Casablanca avant d’affronter le Maroc à Rabat et termine la phase de poule contre les Comores au Stade Mohamed 5 de Casablanca. Les Aigles du Mali séjourneront à l’hôtel Barcelo Anfa de Casablanca.
La pression pour le Maroc
Pour Moustapha Hadji, légende du football marocain, c’est un groupe difficile. « Contre le Mali, ça va être un match très difficile, c’est comme un derby. Sans négliger les deux autres équipes, la Zambie et les Comores. Ce sont des équipes très embêtantes, des équipes de caractère. Il va falloir se concentrer et se préparer. Mais après tout, on joue à la maison. Il y a cette pression positive qui fait qu’on va s’en sortir largement dans ce groupe. »
Géant d’Afrique, premier demi-finaliste mondial du continent en 2022, le Maroc n’a pourtant remporté qu’une seule CAN au cours de sa riche histoire. “On a une mission, a lancé le sélectionneur marocain Walid Regragui à la presse : gagner ce trophée après pratiquement 50 ans de disette. On va tout faire pour garder cette coupe à la maison”.
Cinq ans avant de co-organiser la Coupe du monde, les Lions de l’Atlas ouvriront donc la compétition à Rabat, une des six villes d’accueil de la compétition (dans neuf stades différents).
En guise de porte-bonheur, le trophée du vainqueur a été amené au théâtre national de Rabat par Ahmed “Baba” Makrouh, légende du football marocain, auteur du but qui a offert aux Lions leur seule CAN, en 1976, une égalisation contre la Guinée (1-1) au dernier match de la poule finale à quatre équipes. « Ce serait mentir de dire qu’on n’aura pas la pression, a admis le sélectionneur Walid Regragui. Le peuple marocain attend ce trophée depuis 1976. On a la chance d’organiser ça chez nous avec le meilleur public du monde ».
Cependant, le parcours des Comores et de la Zambie demeure exponentiellement progressif. Le sacre de la Zambie en 2012 témoigne, à bien des égards et si besoin est, de la capacité de ces équipes de s’extirper du lot et d’honorer jusqu’au bout leur statut d’”outsider”.
Retrouvaille entre Ivoiriens et Camerounais
Dans le groupe F, un choc opposera les Éléphants de la Côte d’Ivoire aux Lions indomptables du Cameroun. Les deux sélections se retrouveront encore après la CAN-2015 où les Ivoiriens ont été sacrés à Malabo. Si les Ivoiriens sont les tenants du titre, remporté à Abidjan en février 2024, leur troisième, les Camerounais, eux, ont déjà soulevé cinq fois le trophée, la toute première fois à Abidjan en 1984. Les hommes d’Emerse Faé seront, ainsi, appelés à être au top de leur forme pour l’emporter face aux Lions indomptables qui voudront certainement honorer leur qualificatif et prendre leur revanche.
« Si vous voulez gagner la CAN, il faut être prêt à jouer contre n’importe quelle équipe », a déclaré le sélectionneur des Éléphants après le tirage. Présent à la soirée du tirage au sort à Rabat, le sélectionneur du Cameroun Marc Brys a joué la carte de la prudence en zone mixte au micro des journalistes, mais dit ne craindre aucun adversaire également. «Toutes les équipes qui sont ici le méritent, ce sont de bonnes équipes. Le plus grand adversaire sera nous-mêmes. On doit être prudent, rester fidèle à notre philosophie de jeu, ajouter de la passion et de l’enthousiasme commun au peuple camerounais. On sera prêt. J’ai une équipe qui allie beaucoup d’expérience et de jeunesse. (…) C’est un bon mix. On doit rester soudés et motivés. On n’a peur d’aucune équipe.»
De son côté, l’Égypte, qui détient le record de victoires de la CAN (7), a été versée dans un groupe relevé qui l’opposera à l’Afrique du Sud, 3è de la précédente édition, l’Angola, quart de finaliste et invaincu en qualifications, et le Zimbabwe. Les coéquipiers de Mohammed Salah, habitués aux tours avancés, mais qui n’ont pas soulevé le Trophée depuis 2010 avec leur génération d’or, tenteront de sortir de ce groupe sans surprises amères. L’Égypte est détentrice du record de victoires avec sept Coupes d’Afrique, mais sa star Mohamed Salah ne l’a encore jamais gagnée. « Le football égyptien est chanceux d’avoir Mohamed Salah un des plus grands joueurs du monde actuellement » a dit le sélectionneur Hossam Hassan, qui n’oublie pas de mentionner Omar Marmoush, la recrue de Manchester City, et espère “l’emporter pour la huitième fois”.
Éric Chelle veut prendre sa revanche avec le Nigeria
Finaliste de la dernière édition contre la Côte d’Ivoire (2-1), le Nigeria d’Eric Sekou Chelle va croiser le fer avec la Tunisie et deux outsiders, l’Ouganda et la Tanzanie, qui doivent coorganiser avec le Kenya la prochaine édition du CHAN et de la CAN. « C’est un tirage au sort. Les 4 équipes ont les mêmes chances de passer, ont les mêmes chances, comme chaque équipe de gagner cette CAN, j’ai besoin d’être concentré sur mes joueurs, sur les matches de mes joueurs, sur le mois de mars. On a deux matchs importants à gagner. On va être concentré sur ces matches-là et après, on pourra se concentrer sur la CAN. Comme je l’ai dit en cérémonie. Mes joueurs vont être revanchards et j’ai une revanche à prendre » a expliqué Éric Chelle, sélectionneur du Nigeria.
Motsepe “la qualité du football africain progresse et s’améliore constamment”
Avec l’acteur américain d’origine béninoise Djimon Hounsou en maître de cérémonie, en compagnie de l’animatrice marocaine Nabila Kilani, la main d’Aliou Cissé a offert à son successeur Pape Thiaw à la tête du Sénégal, le Bénin. Les Lions de la Teranga croiseront aussi la RD Congo 4ᵉ en Côte d’Ivoire et le Botswana, qui en est à sa deuxième participation.
Enfin, l’Algérie, vainqueur en 2019, éliminée dès le premier tour des deux précédentes éditions, retrouve deux de ses bourreaux, le Burkina Faso, et la Guinée équatoriale, quart de finaliste en 2023. Dans la même poule se trouve également le Souda, vainqueur de la CAN en 1970 et qui renoue avec la compétition après son absence en Côte d’Ivoire « C’est un tirage assez intéressant, mais qui n’est pas facile pour nous. Il n’y a pas de petites équipes dans cette CAN. Toutes les sélections présentes à ce rendez-vous ont mérité leur qualification. Nous allons bien nous préparer et jouer à fond nos matchs. Il est évident que nous sommes les favoris du groupe et nous devons assumer ce rang », a ainsi lancé le technicien suisso-bosnien Vladimir Petkovic dans sa déclaration.
Le Ghana était grand absent de cette cérémonie, le quadruple champion d’Afrique n’ayant pas réussi à se qualifier pour la première fois depuis 2004. C’est aussi parce que “la qualité du football africain progresse et s’améliore constamment”, a assuré le président de la CAF Patrice Motsepe.
Les deux meilleures nations au classement à l’issue des phases de la poule de chaque groupe ainsi que les quatre meilleures 3ᵉ se qualifient pour les huitièmes de finales de la compétition.
Driss Niono/NouvelleAfrique