L’audit du financement public des partis politiques entre 2000 et 2024, commandité par le gouvernement de la Transition accable l’ex-classe politique mais aussi l’État lui-même. 

En six mois, la Cour suprême, saisie officiellement le 5 mai 2025 par le Premier ministre Gal Abdoulaye Maïga, boucle son audit du financement public attribué aux partis politiques de 2000 à 2024. Sa Section des comptes, ayant reçu le mandat le 14 mai, lendemain de la dissolution des politiques publiques, a été contrainte de revoir l’étendue de ses travaux et sa méthodologie en optant pour une revue documentaire et analytique de ses anciens rapports annuels. Elle n’a fait ni visites de terrain ni examen physique pour vérifier notamment la réalité des dépenses. 

Il ressort du rapport d’audit de 1044 pages, consulté par NouvelleAfrique, que le Mali comptait 295 partis politiques avant la dissolution, intervenue le 13 mai 2025. Sur ce total, seulement 144 ont au moins une fois déposé leurs comptes à la Section des comptes de la Cour suprême. 

Ces 144 partis politiques ont déclaré des ressources s’élevant à plus de 42,145 FCFA au titre des exercices pour lesquels les comptes ont été déposés. Un montant réparti entre leurs ressources propres (16 646 845 105 F CFA), l’aide financière de l’État (24 624 625 311 F CFA) et autres ressources comme dons et appuis (873 784 272 F CFA) ».

Le président de la Section des comptes de la Cour suprême, Abdoulaye Sow (au centre) au cours de la conférence de presse de présentation du rapport

« De 2000 à 2019, le gouvernement a octroyé aux partis politiques 24 624 625 311 FCFA », a déclaré lundi 29 décembre 2025 Seydou Mallé, membre de la Section des Comptes au cours d’une conférence de presse. 

20,295 milliards FCFA pour 13 partis politiques

Le montant de l’aide financière accordée par l’État et enregistrée au niveau des comptes de gestion de ces partis politiques représente 58,4 % de leurs ressources totales et 147,9% de leurs ressources propres, ce qui dénote une prédominance de l’aide financière de l’État dans les ressources des partis politiques.

Sur ce montant, 13 partis politiques ont perçu plus de 20,295 milliards FCFA, soit 82,4% de la totalité de l’aide financière de l’État octroyée aux 144 partis politiques selon le rapport. Parmi ces 13 partis politiques, l’URD a reçu plus de 3,617 milliards FCFA, le RPM 5,456 milliards FCFA, l’ADEMA-PASJ 5,857 milliards FCFA, le CNID-FYT 1,064 milliards FCFA, à la lumière de l’audit. 

L’audit reproche à 57partis politiques d’avoir reçu entre 2003 et 2006 un cumul de 93,597 millions FCFA d’aide financière de l’État sans rendre compte de l’utilisation faite de cet argent. Il relève un montant de 602,065 millions FCFA attribué entre 2002 et 2018 à quatre partis politiques (PIDS, UMP, UM-RDA et US-RDA) qui ne figurent pas sur le répertoire des partis politiques. Pour rappel, ces partis politiques ont fusionné pour donner RDA-Mali. 

Par ailleurs, la section des comptes dit ne pas être en mesure d’attester que les partis politiques remplissent leurs obligations de formation des militants. Elle confirme que 100 partis politiques créés entre 2018 et 2023 n’ont jamais participé aux élections. Elle recommande, à ce titre, d’insérer dans la future charte des partis politiques la possibilité de retrait du récépissé (dissolution) à tout parti qui ne participe pas au processus électoral (révision des listes, formation des électeurs, élection, dépouillement des résultats de vote). 

2,173 milliards FCFA non reversés 

Le rapport d’audit épingle le ministère de l’Économie et des Finances, en dévoilant que ce département n’a pas fourni de preuve du reversement au Trésor public des reliquats des aides financières non réparties aux partis politiques. 

« Sur la période de 2001 à 2020, le Gouvernement, par différents décrets, a attribué une aide financière totale de 28 153 502 191 F CFA aux partis politiques. Sur ce montant, 25 980 178 936 FCFA ont été répartis aux partis politiques, soit un reliquat global de 2 173 323 255 F CFA à reverser au Trésor public », peut-on lire dans le document.

Annuler 2,954 milliards FCFA 

La Cour suprême estime que l’aide financière de l’Etat pour l’exercice 2019 d’un montant total de 2,954 milliards n’a à ce jour aucune base légale. Selon elle, ce montant « doit être annulé, au motif qu’aucun décret de répartition n’a été pris ». Elle révèle aussi un écart de plus de 1,828 milliard FCFA sur le montant global accordé aux partis politiques, soit 22,124 milliards FCFA contre 20,295 milliards FCFA entre 2009 et 2018. 

L’institution reproche au gouvernement d’avoir accordé entre 2013 et 2018 aux partis politiques plus de 14,414 FCFA sur lesquels 13 991 435 788 F CFA ont été répartis alors que le pays fait face à une crise multidimensionnelle, induisant d’énormes contraintes budgétaires. Le financement public a été suspendu en 2019 eu égard à l’aggravation de la crise. 

Des recommandations formulées par la Cour suprême

M.C/NouvelleAfrique

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