La dissolution recommandée des partis politiques par les forces vives de la nation divise les acteurs politiques et de la société civile du Mali. D’un côté, les «sauveurs de la démocratie» appellent au respect de la Constitution de 2023, alors que des soutiens de la transition, eux, demandent l’application des recommandations des dernières concertations.

Les Maliens sont divisés entre pros et anti-dissolution des partis politiques depuis la fin des concertations des forces vives de la Nation. En effet, organisée pour la révision de la Charte des partis politiques, la consultation, dont la phase nationale s’est déroulée les 28 et 29 avril, a recommandé la dissolution des partis politiques et leur réorganisation par une nouvelle législation ; la suppression du financement public des activités des partis politiques ; l’audit du financement public des partis politiques ; la suppression du Statut du chef de file de l’opposition politique à travers l’abrogation de la Loi n°2015-007 du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition ; la révision de la Charte de la Transition en installant le Général d’Armée Assimi GOITA comme président de la République pour un mandat de 5 ans renouvelable à partir de 2025 ; le durcissement des conditions de création des partis politiques. Ces recommandations divisent les Maliens, car nombreux sont ceux qui les rejettent déjà.

L’appel au respect de la Constitution

 Plus d’une centaine de partis politiques ont rejeté les recommandations des forces vives de la Nation. Ces partis politiques, soutenus par des acteurs de la société civile, des personnalités individuelles engagées pour la démocratie, ont exprimé leur désaccord à travers un meeting qui a failli aboutir à un affrontement entre les soutiens à la transition et les « sauveurs de la démocratie ».

« Nous sommes ici pour la démocratie et le respect des textes de la République du Mali. Nous demandons le respect de la Constitution du Mali et le retour à l’ordre constitutionnel normal », laisse entendre Moussa Diarra, jeune manifestant. Des jeunes leaders politiques et de la société dont Abdramane Diarra d’URD, Hamidou Dombia de Yelema, Harouna Guindo de la CODEM, le politologue Cheick Oumar Doumbia, tous présents au meeting, ont réclamé le respect de la Constitution et le retour à l’ordre constitutionnel.

La guerre des camps

Le samedi, il a failli y avoir un affrontement entre deux camps au Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba. En effet, après l’appel à la mobilisation des acteurs politiques et de leur soutien pour leur meeting, des jeunes soutiens de la transition, dont un membre du Conseil National de la Transition (CNT) ont, eux aussi, lancé des appels pour empêcher la tenue dudit meeting. Une attitude dénoncée par la classe politique, dans une déclaration publiée samedi après le meeting.

« À l’annonce du grand meeting du 3 mai 2025 des partis politiques du Mali, des loubards et autres nervis, conduits par un membre du Conseil National de Transition, ont bloqué l’entrée principale du Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba dans la nuit du 2 au 3 mai, proféré des menaces et des insultes et promis d’empêcher par la force la tenue du meeting du lendemain », déplore les partis politiques. Ils ajoutent :« le jour du meeting, les mêmes personnes, épaulés par d’autres jeunes se disant soutiens de la Transition, ont fait irruption dans l’enceinte du Palais de la Culture avec haut-parleurs et effigies du Président de la Transition, violenté certains participants avant de les faire évacuer des lieux sur injonction de la police ».

Le meeting des acteurs politiques n’a pas pu se tenir au Palais de Culture à cause du risque élevé d’affrontements entre camps. La même pratique a été faite lors de la conférence de presse des jeunes leaders qui devaient se tenir à la maison de la presse dimanche dernier.

À qui profite le désordre ?

Comme 2017, les Maliens assistent tristement à des meetings et contre-meetings pendant que l’essentiel est encore à sauver. Le Mali est, jusqu’à preuve du contraire, une république démocratique où les droits de manifestations sont garantis. Pourquoi les citoyens, entre eux, se privent de ces droits ? A qui profite ces divisions, ces tensions ? Il est temps que les autorités de la transition prennent au sérieux ces menaces et y mettent fin. 

Un meeting est, par ailleurs, annoncé le vendredi prochain à la Place de l’Indépendance.

B.G/Nouvelle Afrique

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