Le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition a reçu, mardi 28 novembre 2023, le rapport annuel 2022 de l’Office chargé de la Lutte contre l’Enrichissement Illicite au Mali. Ce rapport accable particulièrement le secteur de l’Éducation où des écoles privées existent sans documents légaux.
127, c’est son nombre de pages. Il s’agit du Rapport annuel 2022 de l’Office Central de la Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI), remis mardi au Colonel Assimi Goïta, président de la Transition.
Ce document, dont «NouvelleAfrique» a pris connaissance du contenu, accable particulièrement le secteur éducatif malien. Il fait état «d’importantes irrégularités administratives et financières» dans l’octroi des subventions accordées aux établissements privés de l’Enseignement secondaire général, technique et professionnel.
«Ainsi, l’OCLEI a dénombré 1.077 écoles secondaires privées fonctionnant avec des arrêtés présumés faux soit pour la création de l’école, soit pour son ouverture», peut-on lire dans son rapport. Lequel précise que des subventions de 15,565 milliards de FCFA ont été versées à 236 établissements de 2017/2018 à 2020/2021.
Des écoles détenues par des fonctionnaires
Ce constat devient plus scandaleux car, selon l’Office, «plusieurs de ces écoles ont pour promoteurs des fonctionnaires du ministère de l’Éducation nationale». Entre 2017 et 2021, la somme versée par l’État aux établissements secondaires général, professionnel et technique s’élève à 196,096 milliards de FCFA, soit en moyenne 49,023 milliards de FCFA par année scolaire.
La structure estime que ce montant pouvait servir à l’État de construire, équiper et faire fonctionner chaque année 80 nouveaux lycées publics, toutes charges comprises, dont les dépenses du personnel.
Une autre irrégularité financière concerne l’écart entre les statistiques financières. La Direction Générale du Budget (DGD) a retracé 196,096 milliards de FCFA alors que la Cellule de Planification et de Statistique (CPS) évoque 169,807 milliards de FCFA, soit une différence de 26,289 milliards de FCFA entre les deux structures.
1.274 écoles de plus en cinq ans
L’autre constat marquant est la hausse exponentielle du nombre des écoles secondaires privées. Le nombre de ces établissements «est passé de 1.147 en 2016 à 2.421 en 2021, soit une augmentation de 111% en 5 ans». Ce qui fait un total de 1.274 écoles de plus en cinq ans. Cela, alors que le Mali ne compte que 111 établissements scolaires publics sur l’ensemble du territoire national.
La situation a amené l’OCLEI, dirigé par Dr. Moumouni Guindo, à formuler des recommandations. La structure demande de « procéder à la fermeture de tous les établissements privés ne remplissant pas rigoureusement les conditions d’exercice». Elle recommande aussi de « traduire en justice les auteurs, coauteurs et complices de la production et de l’utilisation des arrêtés présumés faux », entre autres.
23 dossiers transmis à la justice
Par ailleurs, selon son président Moumouni Guindo, 23 dossiers ont été transmis à la Justice entre 2019 et 2022 pour 23 milliards 855 millions de FCFA, soit en moyenne plus d’un milliard de francs CFA par dossier. L’Office a, en outre, identifié 503 biens immobiliers présumés illicitement acquis. Lesquels se présentent comme suit: 124 maisons d’habitation, 29 bâtiments commerciaux ou professionnels, 285 parcelles et 65 concessions rurales totalisant 181 hectares.
De plus, il annonce dans son rapport annuel 2022 avoir décelé des irrégularités financières de 188 milliards 876 millions de FCFA. Un montant obtenu à l’issue de l’analyse 32 rapports produits par les structures de contrôle et de régulation dont le Bureau du Vérificateur général et l’Inspection de finances.