La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a procédé, le mardi 14 novembre 2023, à la présentation de son rapport annuel 2022 à la presse. Son président Aguibou Bouaré révèle que l’organisation n’arrive pas à être reçue depuis quatre ans par la présidence du Mali pour une remise officielle du document.
Après sa présentation en début de ce mois novembre devant l’organe législatif, le Rapport annuel 2022 de la Commission Nationale des Droits de l’Homme a été dévoilé, mardi, à Bamako, à la presse. Ce document à l’instar des précédents rapports annuels de l’organisation attend d’être remis solennellement au président de la Transition.
«On a présenté pour la quatrième fois le rapport annuel. On a souhaité rencontré le président pour le lui remettre officiellement. On n’a pas eu l’occasion et l’opportunité peut-être pour des questions d’agenda », a déclaré, mardi Aguibou Bouaré, président de la Commission devant la presse. Selon lui, son organisation n’a pas eu de réponse à chaque fois qu’elle a adressé des courriers pour solliciter une audience en vue de remettre officiellement le rapport.
La commission, après son accréditation en mars 2022 au statut A, avait également saisi Koulouba pour aller présenter au président de la Transition son certificat. Un document que le Mali cherchait depuis 20 ans. Il s’agit du statut le plus élevé des Institutions Nationales des Droits de l’Homme (INDH). « On a reçu dans un premier temps un courrier pour nous dire que le président (de la Transition) est d’accord mais pour fixer la date nous attendons à ce jour », a affirmé son président.
Ce juriste chevronné, qui n’entend « deviner la réponse des gens à leur place » souhaite que sa structure soit « reçue cette fois-ci par la présidence ». Selon une source interne, la dernière remise du rapport remonterait à 2018 où le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta avait officiellement reçu l’équipe de la CNDH pour échanger des questions de droits de l’homme au Mali. «Ils ne souhaitent pas certainement s’afficher avec quelqu’un qui les critique», ironise la même source.
Le rapport annuel 2022 de la commission évoque la persistance de la pratique de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes. Une illustration parfaite est l’assassinat odieux, le 31 juillet 2022, de Mme Diogou Sidibé dans le village de Lany-Mody pour avoir refusé de se soumettre.
Le document, consulté par NouvelleAfrique, pointe également du doigt la surpopulation des prisons. À la maison centrale d’arrêt de Bamako, il y avait à la date du 7 décembre 2022, 3.545 détenus pour 400 places. Il dénonce aussi la corruption dans le milieu carcéral.
De plus, le rapport révèle des abus et violations graves des droits de l’homme visant les populations civiles et les forces de défense et de sécurité. Il dénonce aussi des atteintes à la liberté de presse, de manifestation, de cortège, entre autres.
Pour rappel, la CNDH est une autorité administrative indépendante qui a pour missions la protection et la promotion des droits de l’homme ainsi que la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Elle évalue annuellement la situation des droits de l’Homme et émet des avis et recommandations. Dans sa forme actuelle, elle a été créée par la loi 36-2016 du 7 juillet 2016, mais dans la réalité, l’institution existe depuis 1989.
Moussa CAMARA