L’Alliance des États du Sahel (AES), devenue depuis juillet 2024 confédération des États du Sahel, poursuit son opérationnalisation dans différents domaines. Dissidente de la Communauté Économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), elle offre des opportunités d’investissement et/ou de partenariat pour la réalisation d’importants projets de développement.

La nouvelle confédération, réunissant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a un poids non négligeable du point de vue économique, géographique et démographique. Avec une superficie cumulée de 2 772 000 km2, soit 70% de la surface des huit pays de l’Union Économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), elle possède une population combinée de 70 millions d’habitants. Son potentiel minier, agricole, industriel, d’investissement notamment en matière d’infrastructures est énorme.

Ses compétences confédérales résident dans trois domaines : défense et sécurité, diplomatie et développement en vertu de son traité. Dirigée par, un collège, présidé depuis juillet 2024 par le président de la Transition du Mali, Général d’armée Assimi Goïta, elle connaît ses priorités en matière de développement.

Un chronogramme d’actions prioritaires

En janvier 2024, elle a, à travers les ministres des Finances du Burkina Faso, des Transports du Mali et de l’équipement du Niger,  validé à Bamako, à l’issue d’une rencontre ministérielle, “un chronogramme de mise en œuvre des actions prioritaires”. Ce plan d’actions concerne la création d’une Banque régionale d’Investissement ; la mise en œuvre du projet de chemin de fer dont la feuille de route et les documents techniques sont adoptés. Il prévoit aussi l’opérationnalisation de la compagnie arienne de la Confédération AES et la réalisation du tracé du projet autoroutier Niamey-Tera-Dori-Kaya-Ouagadougou-Bobo Dioulasso-Orodara-Sikasso-Bougouni-Bamako d’un linéaire de 1 446 km.

Sur ce dernier point, il s’agit d’un projet de chemin de fer reliant le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Sa réalisation facilitera les échanges commerciaux et le déplacement des populations. Au-delà cela, le Mali travaille à moderniser le chemin de fer Bamako-Dakar (Mali-Sénégal) et à construire une voie ferroviaire le reliant à la Guinée, pays portuaire et de passage des marchandises et de produits divers nature en provenance de l’Asie, l’Europe et l’Amérique vers l’Afrique de l’Ouest.

De plus, une stratégie commune a été élaborée par l’AES pour l’aménagement de deux millions d’hectares pour les productions végétales et animales au sein de la Confédération. Un autre domaine porteur et à explorer dans l’AES dont les pays membres sont confrontés à l’insécurité alimentaire. Il est également prévu la création d’une Centrale d’achats des produits de première nécessité pour l’approvisionnement correct des pays de la Confédération AES.

Plus de six mois après la validation dudit chronogramme, les projets peinent à se réaliser. Le bloc, très éprouvé par le terrorisme, fait face aux défis de financement, de mobilisation de ressources financières voire de déficit de partenariats respectueux de la souveraineté, très chère à ses Etats membres.

Proposer des projets structurants

Sur ce registre, la Chine se présente comme une option viable et fiable. En plus de son principe de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays contrairement à d’autres grandes puissances, la Chine possède des fonds et des mécanismes de financement des projets bilatéraux et multilatéraux en matière d’infrastructures de développement.

L’Alliance des Etats du Sahel gagnerait plus en proposant, par exemple, ses projets de chemin de fer reliant les trois pays à la Chine. Ce pays est ouverte à investir et contribuer à réalisation des projets structurants, bankables de transports et de connectivité au bénéfice de la mobilité des personnes et des biens. La réalisation d’une telle voie ferrée améliorera considérablement les échanges commerciaux, culturels et économiques dans la sous-région.

La Chine en a expertise et la technologie. Elle a déjà à son actif d’énormes projets réalisés dans chacun des trois États. Par exemple, elle a réalisé et offert au Mali le troisième pont de Bamako (pont de l’amitié sino-malienne) long de 1,627 kilomètres pour un coût de plus de 30 milliards de francs CFA. Elle a aussi réalisé l’Hôpital du Mali, le Stade 26 Mars et le Centre de formation professionnelle qui ont déjà contribué à l’amélioration de la vie quotidienne du peuple malien et au développement du pays.

Belt and road initiative

La Chine en possède les moyens, les atouts et mécanismes. Elle peut le faire dans le cadre des “dix actions de partenariats sur la modernisation“, dont le coût de la mise en œuvre est estimé à 360 milliards de yuans (50,7 milliards de dollars) annoncés par Xi Jinping, en septembre 2024 à Beijing au cours du sommet du forum sino-africain (FOCAC).

Cette enveloppe est repartie entre 210 milliards de yuans (29,6 milliards de dollars US) de ligne de crédit, 80 milliards de yuans (11,2 milliards de dollars) d’aides sous différentes formes et 70 milliards de yuans (986,9 millions de dollars) d’investissements d’entreprises chinoises en Afrique.

La Chine peut également intervenir surtout à travers son Belt and Road Initiative ( l’initiative la Ceinture et la Route). Ce mega projet mondialiste, proposé en 2013 par Xi Jinping, a permis la réalisation des projets d’infrastructures de connectivité dont le chemin de fer Mombasa-Nairobi et le chemin de fer Chine-Laos, entre autres. Sa prouesse se matérialise par l’investissement de près 1 000 milliards de US dollars, la réalisation de plus de 3 000 projets de coopération, la création de 420 000 postes d’emplois pour les partenaires et près de 40 millions de personnes sorties de la pauvreté en dix ans, selon des chiffres officiels de 2023.

La confédération des États du Sahel affiche d’énormes potentialités et opportunités. La Chine, elle, dispose des mécanismes de financement avec une volonté assumée de soutenir le développement mondial. Un partenariat, bilatéral ou multilatéral, entre les deux parties est politiquement, diplomatiquement et économiquement envisageable, viable voire vital pour le bonheur des populations respectives.

Moussa Camara/NouvelleAfrique

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