À la demande des organisations de la société civile, les habitants des Communes rurales de Dimbal et de Ségué ont coupé, les 5 et 6 décembre derniers, l’axe Bankass-Bandiagara (RN15) au niveau du pont Parou-Songobia. Motif : «dénoncer le silence des autorités de la transition sur les enlèvements répétitifs sur l’axe Bankass-Bandiagara, notamment au niveau du pont Parou-Songobia».
« Nous sommes sortis manifester afin de dénoncer la dégradation de la situation sécuritaire sur l’axe Bankass-Bandiagara », nous confie un des manifestants à Dimbal. Des larmes aux yeux une vieille dame, membre de la CAFO, a déploré le malheur que traversent les populations de Bankass à cause du terrorisme.
« Nous sommes ici dans la famine sans secours. Nos maris sont tués. Nos enfants, qui partent en exode afin de pouvoir nous aider, sont enlevés en longueur de journée. Qu’on nous dise si nous ne sommes pas des Maliens », se plaint Habibatou Téssougué. « Nous en avons marre. Trop de personnes ont été enlevées chez nous », renchérit un autre manifestant, âgé d’une trentaine d’années.
Des manifestants avaient, en effet, érigé des barricades au niveau de Dimbal jusqu’à jeudi, date à laquelle le blocus a été levé. Ils disent, selon des sources sur place, attendre des autorités étatiques des décisions fortes non seulement pour la libération des personnes enlevées mais aussi pour la sécurisation des personnes et leurs biens et l’axe Bankass-Bandiagara.
«Des bus enlevés en novembre »
Attaques, poses de mines, enlèvements de personnes … le pont Parou-Songobia est, depuis quelques années, devenu une « zone rouge » pour les usagers de la Route Nationale N°15. Ces derniers temps, les jihadistes ont fait de l’enlèvement de véhicules leur spécialité. « Le pont Parou-Songobia est devenu une zone très dangereuse pour les populations de Bankass », souligne Abdalla Togo, président du Mouvement Patriotique pour l’Unité et la Sauvegarde du Cercle de Bankass.
En effet, de 2021 à nos jours, des dizaines de ressortissants du cercle de Bankass ont été victime d’enlèvement au niveau de ce pont. Les 27 passagers, enlevés dans la compagnie Ogoyara, le 10 novembre 2021, restent toujours dans les mains de leurs ravisseurs. Sont-elles en vie ? Seuls leurs ravisseurs ont la réponse.
Pendant que Bankass attendait impatiemment la libération de ces otages, d’autres bus ont été enlevé le 7 novembre 2023. Si un des trois cars a été libéré, les deux autres ont été incendiés par les ravisseurs. Neuf passagers de ces deux bus sont toujours dans les mains de leurs ravisseurs, selon des sources locales. Pis, un autre car a été enlevé le 28 novembre dernier et une trentaine de ses passagers restent en otage. « Nous en avons marre de tous ces enlèvements », dénoncent les manifestants.
Des revendications de Dimbal
Lors du blocus les populations de Dimbal ont interpellé les autorités de la Transition sur la dégradation de la situation sécuritaire à Bankass. « Nous interpellons les autorités de la Transition, le président en particulier. Il faut que nos voix soient entendues », plaide Habibatou Tessougué. Les manifestants réclament l’installation d’une base militaire au niveau du pont Parou-Songobia, la destruction des bases terroristes et le retour des otages.